“C’EST DUR D’AVOIR DES RENDEZ-VOUS”

Que ce soit chez un spécialiste, chez un médecin généraliste… Ou encore chez un masseur-kinésithérapeute, les délais d’attente avant d’avoir un rendez-vous sont souvent plutôt longs… Cette difficulté agace les patients et les laisse dans une incompréhension, parfois même une errance thérapeutique.

EN CE QUI CONCERNE LES KINÉSITHÉRAPEUTES

LE ZONAGE

Les kinésithérapeutes, ainsi que tous les autres professionnels de santé, sont répartis sur le territoire grâce à ce que l’on appelle le zonage. C’est un dispositif qui vise à limiter les zones de désert médical, favorisant l’installation des professionnels dans les zones les plus sous-dotées (où l’offre de soin est insuffisante) grâce à des aides financières. Il régule l’installation des kinésithérapeutes dans les zones où le nombre de professionnels est considéré déjà suffisant, si ce n’est trop élevé pour une population donnée.

Le zonage est constitué de 5 catégories:

  • zones très sous-dotées

  • zones sous-dotées

  • zones intermédiaires

  • zones très dotées

  • zones très sur-dôtées

Chaque profession dispose de sa propre cartographie disponible sur plusieurs sites, notamment celui de l’ARS.

Ainsi, dans les zones sous dotées, et même intermédiaires, l’attente avant d’obtenir un rendez-vous chez un kinésithérapeute sera plus longue que dans une zone sur-dotée. Le but de ce dispositif est donc de palier à cette situation.

LES DÉLAIS DE RÉÉDUCATION

Un autre élément qui explique les délais d’attente annoncés aux patients, qui peuvent aller de 3 semaines à parfois même 3 mois, s’explique par le fait que lorsque vous vous présentez chez un kinésithérapeute, vous avez une ordonnance de X séances, qui engage un début de prise en charge. Ce début de prise en charge s’accompagne, la plupart du temps et sauf si le professionnel voit l’intérêt d’espacer les rendez-vous, d’au moins 1 rendez-vous par semaine. De ce fait, le kinésithérapeute aura beaucoup moins de créneaux disponibles pour les nouveaux patients qu’un autre professionnel de santé qui ne voit son patient que de façon ponctuelle.

LES CONDITIONS DE TRAVAIL EN LIBÉRAL

Entre la lourdeur administrative, la faible tarification des actes, les charges financières liées au fonctionnement du cabinet, les journées à rallonge, nombreux éléments poussent les kinésithérapeutes à travailler en outre-mer ou en salariat.

En effet, en tant que profession libérale, nous avons notre propre travail de kinésithérapeute, ainsi qu’une part conséquente de paperasse à effectuer. Cette partie administrative comporte les différents courriers à écrire aux médecins, chirurgiens, ou autres confrères, les relances auprès de la sécurité sociale et des mutuelles, les bilans, la comptabilité, etc… Ces différentes tâches rajoutent une charge de travail supplémentaire au kinésithérapeute libéral, qui le fait sur son temps de repos, là où le kinésithérapeute salarié n’en a pas le besoin et peut profiter de ces moments pour se reposer.

Un autre point clé dans le choix entre le salariat et le libéral est la maîtrise du temps de travail. Alors qu’un salarié signe un contrat pour un salaire et des horaires fixes, généralement en 37,5 heures, avec congés payés et une bonne protection sociale en cas d’absence, le kinésithérapeute libéral se voit faire des horaires qui peuvent aller de 35 heures à 70 heures par semaine selon les besoins et charges à payer. Il doit également prévoir les charges financières futures en cas d’arrêt ou vacances, et entrer dans une véritable épreuve du combattant pour trouver un remplaçant en cas d’absence.

Toutes ces charges financières que le libéral se doit de payer comportent (sans compter évidemment les impôts, l’URSSAF et la CARPIMKO) la Contribution Foncière des Entreprises, le loyer, les logiciels, les assurances, le comptable, l’AGA, le matériel de rééducation, les consommables, etc.

Alors, bien que l’exercice libéral apporte son lot d’avantages, le salariat offre une stabilité et une tranquillité d’esprit que le libéral ne peut offrir.

LES LAPINS

Ahhhh, ces fameux lapins… Les rendez-vous que les patients prennent mais auxquels ils ne se présentent pas, sans prévenir, alors qu’on les attend sagement. 🥲

On est tous humains, on a tous des imprévus, autant les professionnels que les patients. Mais prévenir aide à maintenir la confiance entre le praticien et le patient. Prévenir peut permettre au kinésithérapeute de donner le rendez-vous manqué à un patient dans le besoin et sans prise en charge.

Ironie du sort, à l’heure où je vous écris cet article, et particulièrement cette même phrase, je suis en train d’avoir ce beau lapin, puisque je suis censée être en consultation depuis déjà 15 minutes… sur 30 au total. C’est un rendez-vous que j’aurais pu accorder à un nouveau patient, c’est du temps perdu pour moi (et de l’argent) et pour le patient qui recherche un praticien en vain.

LA DIFFICULTÉ POUR AVOIR UNE RÉPONSE TÉLÉPHONIQUE DE LA PART DU PRATICIEN

Un reproche souvent formulé de la part de nos patients est qu’il est difficile d’avoir un retour de notre part au téléphone. Ce dernier, bien que légitime, est frustrant autant pour le patient que pour le kinésithérapeute.

En effet, le patient reste sans réponse de la part du kinésithérapeute, pendant que le professionnel voit son téléphone sonner parfois jusqu’à 15 ou 20 fois dans la journée. Si entre deux patients, il parvient à répondre à quelques appels, ceux qu’il reçoit pendant les temps de consultation ne pourront être décrochés.

Les longues journées qu’il fait ne permettent pas non plus de prendre le temps de rappeler ou de répondre par SMS, d’autant plus que les appels ou SMS reçus seront noyés par les suivants. Généralement, s’il est seul, la tarification des actes n’est pas suffisante pour pouvoir engager une secrétaire.

Je ne pourrais vous donner qu’un seul conseil: rappeler ou relancer par SMS.

BIBLIOGRAPHIE

  1. Zonage des masseurs-kinésithérapeutes | Agence régionale de santé Hauts-de-France [Internet]. [cité 15 juin 2023]. Disponible sur: https://www.hauts-de-france.ars.sante.fr/zonage-des-masseurs-kinesitherapeutes

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