L’EXERCICE PHYSIQUE, UN MOYEN DE RÉDUIRE LES EFFETS SECONDAIRES DE LA CHIMIOTHÉRAPIE ?

On sait effectivement que le cancer réduit la capacité cardio-respiratoire, l’exercice serait donc un outil efficace afin de contrer cet effet adverse de la chimiothérapie ? Prenons l’exemple du cancer du sein.

TOUT D’ABORD, DE QUOI PARLONS-NOUS ?

Le cancer, c’est quoi ? L’Homme est constitué uniquement de cellules, qui elles-mêmes viennent former des tissus, qui forment ensuite des organes. Tous les jours, des milliers de cellules se multiplient, alors que d’autres vont mourir, pour ainsi assurer le bon fonctionnement des organes. L’ADN qui compose les gênes de ces cellules peut se voir altérer par des agressions telles que l’alcool, la cigarette, la pollution, le stress etc… Ces altérations peuvent provoquer des mutations, la cellule continuera de se développer malgré cette malformation et se formera alors une tumeur.

Et la chimiothérapie ? C’est le traitement d’un cancer par utilisation de médicaments, soit par un boîtier placé sous la peau relié à une veine par perfusion, soit par voie orale sous forme de comprimés. Le traitement est administré sur un ou plusieurs jours, on parle de cure.

La chimiothérapie ne s’attaque pas seulement aux cellules cancéreuses, mais également aux cellules saines qui se reproduisent rapidement, comme celles du tube digestif, du poil, des cellules de la reproduction, ou encore des cellules de la moelle osseuse (système immunitaire). Elle provoque donc un certain nombre d’effets indésirables, ne remettant en rien en cause l’efficacité du traitement.

DÉCLIN DE LA CAPACITÉ CARDIO-RESPIRATOIRE CHEZ LES PATIENTS ATTEINTS DE CANCER DU SEIN

Bien que les taux de survie aient augmenté considérablement durant les dernières décennies, avec une chance de survie après 5 ans de plus de 91%, les séquelles d’un traitement si agressif restent une réalité non-négligeable. Ces mêmes séquelles peuvent entraîner, si elles ne sont pas correctement prises en charge, des pathologies chroniques, telles qu’un syndrome métabolique par exemple, ou la réduction de la capacité cardio-respiratoire.

De plus, chez des patients dont le cancer présente des métastases, la survie à 5 ans tourne autour des 27%. Il sera indispensable, chez ces patients, de préserver la capacité cardio-respiratoire.

Une étude de Jones LW et AL, 2012, a analysé 248 femmes atteintes d’un cancer du sein, durant 4 étapes: avant le traitement, durant le traitement, après, et une fois que des métastases se sont développées. Cette étude a pu démontrer que ces femmes présentaient environ 27% de consommation d’oxygène (VO2 max) de moins que des femmes en sédentaires en bonne santé. De plus, le seuil fonctionnel du VO2 max étant de 15,4 mL/kg/min, 32% des patientes ne parvenaient pas à l’atteindre, autrement dit, 1 femme sur 3.

Une autre donnée importante de cette étude a été la suivante: les patientes avec métastases qui avaient des valeurs de VO2 max supérieures à ce seuil présentaient 40% moins de risque de mortalité.

De ce fait, le VO2 max devrait être une variable importante à prendre en compte dans la prise en charge de patients atteints du cancer du sein.

L’EXERCICE PHYSIQUE POUR DIMINUER LES EFFETS SECONDAIRES DE LA CHIMIOTHÉRAPIE

L’exercice physique a déjà fait ses preuves dans la prise en charge de patients atteints de cancer, notamment en ce qui concerne la sarcopénie, qui est un facteur prédictif de la mortalité durant la maladie.

Une étude de Courneya, K. S. et Al, 2007, s’est penchée sur le sujet, analysant ainsi les effets de deux programmes d’entraînement, de force et résistance, durant 17 semaines chez 242 femmes atteintes du cancer du sein. Les variables analysées ont été la capacité cardio-respiratoire et la masse musculaire, ainsi que la tolérance à la chimiothérapie. Les 242 femmes ont été réparties en 3 groupes: un groupe réalisant un programme de force, un groupe réalisant un programme de résistance, et un groupe ne réalisant aucun programme d’exercice physique. Les résultats de l’étude ont montré que le groupe de résistance a maintenu son niveau de VO2 max, alors que le groupe de force et le groupe ne réalisant aucun exercice physique a vu son VO2 max diminuer.

En revanche, le groupe de force a été celui dont la masse musculaire a le plus augmenté. Or, on sait que la sarcopénie est un facteur aggravant chez les patients atteints de cancer, ce qui fait de ce paramètre une des priorités à prendre en compte durant la chimiothérapie.

En ce qui concerne la tolérance à la chimiothérapie, le groupe de force et le groupe résistance ont tous les deux réussi à maintenir une dose supérieure à 85%, ce qui n’a pas été le cas du groupe ne réalisant pas d’exercice. Des doses élevées de chimiothérapie permettent de combattre la tumeur de façon plus efficace, alors que des valeurs plus basses augmentent d’environ 30% le risque de mortalité chez des patients atteints de cancer du sein.

Les programmes d’exercices de l’étude ont été les suivants:

  • Programme de résistance: ergocycle, tapis de course, bicyclette, en augmentant progressivement le volume et l’intensité jusqu’à 45 minutes à une intensité de 80% du VO2 max.

  • Programme de force: 2 séries de 8 à 12 répétitions à 60-80% de la répétition maximale (1RM), sur 9 exercices (presse, développé couché, curl de biceps).

  • 3 sessions par semaine durant 17 semaines.

L’exercice physique est donc un outil efficace pour diminuer les effets secondaires de la chimiothérapie sur la capacité cardio-respiratoire, comme, encore une fois, sur la masse musculaire. Combiner les programmes de résistance et les programmes de force s’avèrent être une bonne stratégie afin de prendre en charge au mieux le patient atteint de cancer.

BIBLIOGRAPHIE

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